Vers 1758, un maître ferronnier de la Réole, nommé Blaise Charlut, réputé dans toute la Guyenne, reçoit du supérieur des Bénédictins une commande à la mesure de son génie. Il doit exécuter une grille pour habiller et pour clore l'ouverture en plein cintre qui, au centre de la façade méridionale du nouveau prieuré, met le cloître en relation avec l'esplanade. Blaise Charlut se met à l'ouvrage, dans son atelier situé dans une rue passante à quelques dizaines de mètres du prieuré. et la grille est toujours là pour témoigner de l'art du maître ferronnier. Les lignes verticales noires de la partie inférieure des deux battants se superposent à un paysage horizontal, celui de la Garonne, de la plaine et des coteaux verdoyants de la rive gauche. Ce paysage, façonné par le travail de centaines de générations de paysans, sert de support à une ascension vers la Cité Céleste. Et dès que les tiges de métal dépassent la ligne d'horizon, elles se déploient sur le ciel en une jubilation d'arabesques. Dans le cintre de la porte, qui forme une imposte immobile comme le tympan d'un portail roman, elles convergent en un centre qui suggère d'évidence le Créateur, surtout quand, à midi, il coïncide avec le soleil. Ce joyau de la ferronnerie du dix-huitième siècle, est considéré comme leur patrimoine le plus précieux par tous les habitants.
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