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Bécassine que j'aime! depuis hier a 110ans

 03/02/2015

Bécassine, une bonne bretonne

Quand Joseph Pinchon conçoit en février 1905 le personnage de Bécassine pour les jeunes lectrices de l'illustré La semaine de Suzette, il n'imagine pas qu'il vient de donner naissance à un mythe qui mobilisera contre lui nombre de Bretons.

La tête parfaitement ronde de Bécassine, son visage inexpressif  évoquent une niaiserie qui est confirmée par son nom, Annaïk Labornez. Ses maladresses et ses bévues, fruit de son inadaptation sociale, feront rire au long des 25 albums qui seront publiés entre 1913 et 1939. "Bonne à tout faire" au service de la Marquise de Grand-Air dans le faubourg Saint-Germain, la Bretonne est le faire-valoir d'un monde dominé par le conservatisme social. Nigaude certainement, mais sympathique aussi, elle sert à promouvoir ce système de références auquel elle adhère.

Dès le début du siècle, des revues satiriques ont donné l'image d'une Bretagne attardée à travers le personnage de la bonne. Comme Yvonne Labrutec, caricature inventée en 1900 par la revue Le Rire !

L'exode rural a poussé de nombreuses jeunes filles vers les grandes villes et surtout vers Paris, lieu de perdition entre tous. En 1903, paraît une brochure en breton intituléeChomit er gear (Restez à la maison). Sa transcription en français, illustrée de 9 vignettes édifiantes, prend pour titre : "Les méfaits de l'émigration. Marie-Jeanne à Paris". On y voit sombrer peu à peu une malheureuse jeune fille qui semble si épanouie sur la première image.Gaie, florissante de santé, heureuse et sans soucis, Marie-Jeanne aide ses parents aux travaux de la ferme. Croyant gagner beaucoup d'argent, elle monte  à Paris et va de place en place, retrouvant, le soir, une chambre glaciale sous les toits, et côtoyant d'autres domestiques,des filles sans religion.La huitième vignette nous montre Marie-Jeanne sur le trottoir.Elle a abandonné le costume breton et la voilà réduite (...) à rôder avec les filles perdues. Sur l'image finale, elle meurt à l'hôpital sous l'œil indifférent des médecins, minée parles excès, la misère, la vie honteuse.

D'après le chapitre de Didier Guyvarc'h : Le mépris et le chagrin. De la Belle Époque à la Grande Guerre,dansFemmes






 

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