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L'école Charlemagne-Rufisque

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Blog créé le 06/08/2007

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L'école Charlemagne 2004 - 2014 : 10 ans déjà

 04/01/2015
Il y a 10 ans était créée l'école Charlemagne, retour sur le début d'une histoire 

Des débuts à Aujourd'hui
 

L'école a parcouru du chemin, de ses débuts en 2004 ou elle a commencé avec 14 élèves dans un local à peine fonctionnel et sans fenêtres que j'avais mis à disposition dans ma maison.
 

Actuellement à la rentrée 2014 2015, l'école compte 780 élèves de la petite section à la 5ème dans 3 bâtiments différents, et ce n'est pas fini.

Quand nos premiers élèves auront atteint la 3eme, le groupe scolaire Charlemagne devrait atteindre plus de 1000 élèves.
 

Nous avons géré le développement pas à pas, ce qui nous a permis j'espère de ne pas trop faire d'erreur.
 

L'école Charlemagne a maintenant pignon sur rue, avec des taux de réussite à l'examen du CFE et à l'entrée en 6ème dans les meilleurs de la zone de Rufisque, tout en maintenant des taux de redoublement inter classes assez bas.



La pédagogie et son évolution au sein de l'école
 

l'approche pédagogique au Sénégal
 

L'approche pédagogique au Sénégal est une approche traditionnelle, centrée sur l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul et qui délaisse quelque peu les autres matières par rapport à l'enseignement en Europe.
 

De plus, il y a très peu d'écoles maternelles publiques au Sénégal, beaucoup de parents inscrivent leurs enfants dans les écoles coraniques, ce qui développe plutôt la mémoire de l'élève au détriment de sa capacité de réflexion et d'esprit critique .
 

La scolarisation commence donc pour la majorité des élèves à 6 ou 7 ans, avec un premier cursus de 6 années amenant l'élève à l'entrée au collège.


L'apprentissage se fait ici généralement avec des chatiments corporels même si ceux ci sont officiellement interdits au Sénégal.
Combien de fois n'ai je entendu un parent d'élèves demandant a ce qu'on tape bien son enfant car il n'avait pas bien réussi.

J'ai l'impression que le maître ayant été tapé quand il était à l'école reproduit le geste, même dans des cas vraiment inopportuns comme quand un élève n'a pas compris.
Je pense pour ma part qu'il faudrait plutôt taper le maître si l'élève n'a pas compris car c'est le maître qui n'a pas bien fait son travail !

 

L'évolution récente et les directives de l'inspection :
 

Le ministère de l'éducation nationale sénégalais a tenté de mettre en place une approche plus « moderne », qu'on appelle ici le curriculum, qui est plus centrée sur l'élève qui est au centre des apprentissages.


Une maternelle de niveau « occidental » à l'école Charlemagne.
 

Nous avons mis en place depuis plusieurs années un programme de maternelle équivalent à ce qui se fait en France.
Nous vérifions d'ailleurs le niveau des élèves à la fin de notre maternelle en leur faisant passer le test que passent les élèves français en fin de Grande section.
Ce test est réalisé chaque année par Aurélie Laforet, une personne ressource enseignante de France qui vient bénévolement et qui confirme chaque année le bon niveau des élèves.
 

Début d'adaptation du programme de primaire à l'école Charlemagne.
 

Les élèves de notre maternelle intègrent en grande majorité notre école élémentaire.
Or, le programme de l'élémentaire au Sénégal est destiné aux élèves n'ayant pas fréquenté la maternelle.

Nous avons donc commencé à adapter le programme de primaire pour permettre que nos élèves ne perdent pas leur temps dans les premières années de primaire et qu'ils gardent leur avance acquise dans les premières années.
C'est un travail qui n'est pas encore fini, mais qui porte déjà ses fruits quand on regarde le niveau de fin de primaire et les taux de réussite à l'examen du certificat de fin de primaire (CFE)


Les particularités du projet d'école de Charlemagne


Ouverture sur le monde


L'école a été aidée dès sa création par l'apport des personnes ressources venant de France.
On a donné le nom de certaines de ces personnes à des classes de l'école, en forme de remerciement.
 

Francoise Holé, ma mère, sans qui l'AFCECR n'existerait pas, et qui a dès le début été conquise par le projet.
Je pense que c'est du coté de ma mère que je puise cette volonté de faire avancer ce projet non lucratif.
Ma famille maternelle a toujours été tournée vers les autres, par des activités bénévoles et des dons de soi.


Des enseignants chevronnés retraités ou en activité ont partagé leur expérience avec nous. On peut citer Geneviève et Jean Paul Chapal, Michele Vauterin, Cyrille et Céline Bernard, Babeth bastide.
Ils ont permis entre autre de familiariser les enseignants de notre école avec d'autres approches pédagogiques et notamment avec une approche intégrant du concret dans les apprentissages


Yves Even et Marie Annick Miriel ont été très présents pour la gestion de l'AFCECR


Les personnes ressources n'ont pas été seulement françaises, mais aussi sénégalaises
Doudou Ndiaye, pape Demba et gilles Sovi nous ont aidé pour la construction de nos bâtiments et Pathé Ndiaye nous a montré le cheminement administratif pour la création de l'école


Nous avons mis en place de nouvelles technologies, par exemple un parc informatique de bonne qualité et doté de ressources innovantes (Logiciels libres, Khan Academy, encyclopédies virtuelles...) qui permet de découvrir le monde, cela grâce à Sylvan Dissoubray.


Ancrage dans son milieu


Depuis la création de l'école,nous avons pensé qu'on ne pouvait permettre le développement d'un enfant que s'il était bien ancré dans son milieu.

Nous avons donc mis en place dès la création de l'école des sorties pédagogiques de connaissance de l'environnement. Comment peut il être possible qu'un touriste qui vient 1 semaine au Sénégal connaisse parfois des endroits que l'habitant ne connaît pas !


Les développements récents


Le collège


Il a été ouvert à la demande de certains parents d'élèves qui nous disaient qu'il ne fallait pas que notre travail s’arrête au CM2.

A la rentrée 2013, nous avons ouvert une classe de 6eme et a la rentrée 2014, nous avons ouvert une classe de 5eme

Il s’avère que les parents d'élèves nous ont fait confiance, cette année, la quasi totalité des élèves de l'école primaire ont été inscrits au collège ainsi que quelques élèves d'autres écoles après des tests de niveaux.


La crèche
 

Elle a été ouverte par Khady pour répondre à une certaine demande des familles dont les 2 parents travaillent à Rufisque ou Dakar et qui préfèrent confier leur enfant en bas age à une structure éducative plutôt qu'à une femme de charge à la maison.

Créée très récemment (le 1er janvier 2015), nous ne pouvons dire si elle répond à un réel besoin, mais nous le pensons.


Une vocation sociale :
 

Du social pour les élèves et les parents
 

Le montant de la cotisation mensuelle demandée aux parents pour la maternelle et le primaire n'a pas évolué depuis la création de l'école (8000 Frs CFA).

Nous avons essayé de maintenir la participation financière des parents à ce niveau pour des raisons de justice sociale, même s'il s'avère que pour certains parents, ce n'est pas une grosse somme.
 

En effet, il y a une réelle mixité sociale à l'école, avec des parents ayant un bon niveau social et des parents démunis.
 

On le voit à l'heure de l'ouverture des portes de l'école, certains élèves arrivent à pied en ayant marché depuis très loin alors que d'autres sont amenés par leur parent ou chauffeur a bord de luxueuses voitures.


De plus, l'aide de notre partenaire français l'AFCECR nous permet de diminuer le prix de la scolarité de certains élèves après une enquête sociale.
Certains élèves ne payent plus que 1000 f CFA pour la mensualité y compris la cantine au sein de l'école.
 

je voudrais préciser ici qu'il est extrêmement difficile d'apprécier le niveau de revenu au Sénégal, une bonne partie de l'activité est informelle, et il y a peu de feuilles de salaires, de quittances de loyers ou autres documents permettant de juger si une famille est démunie ou non.
En général, il est nécessaire de se rendre à l'improviste dans le logement de la personne pour voir son niveau et ses conditions de vie.


L'AFCECR voudrait atteindre le taux de 10% d'élèves parrainés partiellement ou totalement au sein de l'école. Nous n'y sommes pas encore, cette année 47 enfants de familles démunies sont pris en charge.


Du social pour le personnel


Même si le niveau des salaires du personnel de l'école Charlemagne n'atteint pas les salaires de l'enseignement public actuellement, du chemin a été parcouru depuis les débuts et nous voulons continuer.


Pour information, les subventions reçues de l'Etat sénégalais sont assez faibles et l'allocation des ressources depend de ces ressources qui sont essentiellement composées de la participation versée par les parents d'élèves.


Autres actions sociales pour le personnel :


Nous avons mis en place une coopérative d'habitat permettant au employés de l'école Charlemagne de bénéficier d'un terrain pour l'accès à la propriété à moindre coût et à crédit.
L'école a adhéré à une mutuelle de santé permettant de prendre en charge une partie des dépenses médicales du personnel.
Nous avons aussi mis en place avec les revenus que nous dégageons sur la vente des photos de classe d'une Caisse sociale permettant de supporter une partie des frais d'hospitalisation du personnel de l'école et de leur famille.

Nous permettons au personnel n'habitant pas à proximité de l'école de bénéficier de logements a moindre coût, l'école supportant le surplus de loyer.
 

La transmission


J'ai souhaité lors de la création de l'école Charlemagne que celle ci soit créée sous forme originale d'association autogestionnaire, c'est a dire que la grande majorité des membres de l'association travaillaient dans la structure Charlemagne, et l'association de gestion de l'école a été par la suite élargie à quelques personnes ayant intégré l'école par la suite


Il s'avère que la gestion de ce type de structure n'est pas si simple, il est parfois difficile d'être membre et salarié pour lequel l'école est le gagne pain, il faut essayer de prendre de la hauteur et ne pas voir que son intérêt particulier, mais l’intérêt général de l'école, ce qui n'est parfois pas évident pour tout le monde


Notre partenaire en France, l'AFCECR


Cette association lorientaise a été créée en 2007 à l'initiative de ma mère Françoise Holé et de Gérome Boulay, un ancien collègue qui m'avait convaincu de l'intérêt d'une association de soutien en France.


Les membres fondateurs étaient des proches et dès le départ, nous avons commencé à mettre en place des activités pour collecter des fonds pour aider l'école et mis en place des systèmes de parrainages qui permettent de financer la scolarisation d'enfants de familles démunies dans l'école Charlemagne.


Mon frère Thierry a dès la première année organisé des vides greniers permettant de générer des revenus pour l'association, puis ces dernières années des concerts.


Ces activités ont eu un autre intérêt, c'est de faire connaître notre action, ce qui a fédéré de nouveaux membres, personnes de bonne volonté et avec des idées autour du projet et je suis heureux de voir qu'aujourd'hui, l'AFCECR ne veut plus dire famille Holé, mais a pris une dimension plus large.


Le blog


le blog, vitrine de l'école et ma « danseuse », j'ai probablement raté une vocation de journaliste, c'est pourquoi j'adore jouer au reporter en herbe au sein de l'école Charlemagne.


Ce blog créé par Christian Caoudal, un des membres de l'AFCECR, nous permet de montrer ce que nous faisons au sein de l'école.
 

Il était destiné au départ plutôt aux membres de l'AFCECR en France, donateurs ou personnes ressources potentielles, et cela a permis d'ailleurs que de nouveaux membres habitant la France entière rejoignent l'AFCECR.
 

Il s'avère que le blog est lu aussi par des sénégalais, tout d'abord les parents d'élèves et des élèves de l'école Charlemagne, mais aussi des confrères et des représentants du monde éducatif sénégalais.


Il reste beaucoup à faire :


Même si nous pensons que l'école Charlemagne a globalement atteint les objectifs qu'on avait fixé au départ, nous sommes conscients qu'il reste encore beaucoup à faire. Mais cela nécessite beaucoup de travail rien que pour maintenir déjà ce qui a été fait.


Nous savons qu'il nous faudra à terme adapter le bâtiment de la maternelle qui n'est pas très fonctionnel, les parents d'élèves vont sûrement nous demander par la suite d'ouvrir un lycée car il n'y a pas de lycée dans la zone, nous aimerions créer un bâtiment pour organiser des classes découverte pour nos élèves et éventuellement le prêter pour des centres de vacances pour les enfants des environs.

Il faudra aussi adapter le programme du collège selon les directives de l'éducation nationale pour pouvoir permettre aux élèves d'avoir des formations plus adaptées au monde qui nous entoure.


Tous ces projets se feront ou pas après mure réflexion sur les besoins réels et sur l'état de nos ressources.


J'ai appris récemment que la Finlande, un des pays biens classés au classement PISA allait abandonner l'apprentissage de l'écriture, car les dirigeants pensent que cela ne servira plus dans l'avenir. Cela nous donne une idée des changements futurs que nous allons devoir gérer.


De plus, le grossissement de la structure nécessite de déléguer, car la petite équipe de direction de départ au moment de la création de l'école ne peut plus tout gérer, la délégation n’étant jamais facile.


Espérons que d'ici 10 ans, notre école aura encore mieux planté ses racines et continuera son travail d'innovation pour permettre aux futurs acteurs du Sénégal de jouer un rôle avec le bagage nécessaire avec une équipe élargie consciente du rôle important qui nous est assigné.


Patrick Holé

 




 

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